Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
Henri Lavina : souvenirs de la rue du soleil
Si le revêtement de la rue du soleil n'a pas changé depuis 1962, alors il porte encore les traces des pneus mon vélo !
Comme dans beaucoup de familles, les courses alimentaires "de dépannage" étaient confiées aux enfants. J'aimais bien ces petites coupures de la journée qui me permettaient de sortir à vélo avec l'absolution paternelle ! je sillonnais la rue du soleil le porte-bagage plein. ! Quant à la corvée de vin, mes parents m'interdisaient de transporter à bicyclette la divine boisson qui à l'époque (comme vous le savez), était conditionnée uniquement en bouteille de verre. Le transport du vin se faisait à pied dans un cabas noir que je trouvais complètement ringard,
Mais à coup sûr, le plus beau souvenir que je garde de la rue du soleil est le sentiment de plénitude, mélange de calme solennel et de beauté mystérieuse inexplicable qui, aux heures très chaudes de l'Eté, me gagnait pendant ces courts instants où je parcourais la rue déserte et silencieuse .
Qui n'a pas connu la calle del sol à 13h en Eté n'a rien connu ! ...
Silence et calme sauf bien entendu pendant la saison sportive les jours de matches du SCBA au stade Paul André. De notre maison distante d'environ 500m, on entendait très bien la clameur du stade. Quand je n'étais pas sur les gradins, je devinais les résultats à l'oreille. "iliééé...." ! Si le match avait un enjeu important, pas une place de stationnement n'était libre dans notre rue, mon père râlait parce que sa porte de garage était condamnée et ma mère se plaignait des spectateurs indélicats qui "pissaient", bien à l'abri des regards, dans le renfoncement du portail de notre cour !
Le match terminé, les voitures souvent mal garées avaient du mal à se dégager, j'adorais être sur la terrasse de notre maison ou à la fenêtre pour observer ce remue-ménage et les bélabbésiens dont les mimiques et les éclats de voix infirmaient ou confirmaient le résultat supposé.